Une passion et un intérêt pour le rugby en France qui ne sont plus à démontrer au regard du succès de son championnat qui rassemble les plus grandes stars de l’ovalie. Réalité virtuelle, ballons connectés, capteurs de mesure et d’analyse de la performance, le rugby évolue avec son temps et les start-up y contribuent grandement.
Les innovations transforment l’accès à la pratique
En juin dernier, la Fédération Française de Rugby annonçait une chute inquiétante du nombre de licenciés avec près de 16 550 joueurs en moins sur la saison 2016/2017. Au-delà du lien social, des valeurs diffusées et du spectacle qu’il représente, le rugby peine à attirer de nouveaux publics. Et ce n’est pas sans essayer. Au fils des ans, les formes de pratique ont évoluée. Du rugby à 15 au rugby à 7 en passant par le rugby à 13, les formules et les expériences sportives se multiplient et répondent à de nouvelles volontés tournées vers le spectacle et l’accessibilité pour tous.
Pour relancer un rugby à 13 en France qui déchaine les passions, soulève les foules outre-manche et dans l’hémisphère sud, mais reste plutôt confidentiel en France, Luc Dayan a eu une idée. Sur la base de la réforme territoriale réduisant le nombre de régions métropolitaines de 22 à 13, ce conseiller de la Fédération Française souhaite créer le « Super XIII », une nouvelle compétition estivale sur 13 semaines qui pourrait voir le jour en 2019 où chaque région serait représentée par une équipe.
Spectaculaire, c’est le terme pour qualifier la pratique du rugby à VII. Afin de rendre plus vivant et moins haché l’expérience du rugby, la pratique à 7 s’est avérée comme une bouffée d’air frais. Grandes chevauchées, gestes techniques d’exception, des rencontres rythmées, ce format séduit beaucoup au point de faire son retour aux Jeux Olympiques de 2016 après 92 ans d’absence.
Mais l’accessibilité et la découverte se manifestent dès le plus jeune âge, par l’apprentissage de règles simples, le maniement d’un ballon parfois complexe à maitriser. L’entreprise Striver a ainsi développé un ballon à base de pneu. Ce ballon tout terrain, favorise une meilleure prise en mains. La transmission de passe a été conçue pour faciliter l’accès au rugby notamment pour le jeune âge et optimiser l’investissement du budget ballons d’entrainement en divisant par 3 ou 4 le budget prévu de par sa longévité exceptionnelle. Car aujourd’hui, comment permettre aux clubs d’attirer des publics jeunes ? Comment recréer du lien social ? Comment faciliter le travail des clubs qui peinent à attirer de nouveaux licenciés ? En réponse à cela, des start-up s’intéressent de près à ces enjeux et déploient des solutions clés en main. Pour faciliter la gestion des cotisations ou des stages durant les vacances scolaires, ECOTIZ a conçu une solution simple et unique de gestion des cotisations en ligne. Un gain de temps et d’argent considérable pour des associations dont les ressources humaines sont souvent limitées. Au-delà des problématiques administratives et de paiement, entretenir et développer la vie d’un club est indispensable pour impliquer et fidéliser les adhérents. Il existe pour cela la solution SPORTEASY ; un outil qui simplifie la gestion d’une équipe à destination de l’entraineur mais également des joueurs. Partage de souvenirs, de fiches d’entrainements, composition d’équipe, note et convocation des joueurs, statistiques individuelles et collectives… les informations sont nombreuses et enrichissent la vie d’un club. Tous les besoins sont pris en compte à l’image de la start-up Révèle, portée par deux jeunes entrepreneures. Alors qu’elles s’entrainaient toutes les deux au sein de l’équipe de rugby de leur école, Clémence Fabre et Laetitia Pingel ont eu l’idée de créer la première marque de sport de contact pour femmes, avec un produit phare REVELIA, une épaulière spécialement conçue pour les femmes.
« Pour nous, aujourd’hui, le manque actuel d’équipements techniques et de protections pose plusieurs problèmes pour les sportives : au-delà du style, un manque de confort évident, des risques importants de lésions sur les zones sensibles du corps, une entrave à la pratique de ces sports et une forme de dé-crédibilisation de notre pratique. » explique Clémence Favre, co-fondatrice de cette startup qui vient d’intégrer Station F, le plus gros incubateur au monde situé à Paris.
La Fan Expérience au cœur de la stratégie des clubs de rugby
Le TOP 14 est l’un des championnats le plus suivi au monde où l’on retrouve de grands noms et des effectifs qui font envie à tous les clubs d’Europe. Ceci est le côté clinquant. De l’autre, des enjeux tellement cruciaux pour les présidents-mécènes qui investissent des dizaines de millions d’euros que le spectacle n’est pas toujours au rendez-vous. Le (télé)spectateur a trop souvent droit à un défi frontal, brutal, un rugby avec un nombre de blessures à la hausse. Or plusieurs clubs ont décidé de porter des initiatives pour enrichir l’expérience spectateur le jour du match. Le Stade Toulousain s’est associé au grand opérateur Orange pour que le premier stade 100% connecté voie le jour. Grâce à la connectivité wifi et 4G dans l’enceinte du stade et à l’application mobile « Stade Toulousain », le supporter peut vivre une expérience numérique de bout en bout avant, pendant et après chaque match. Pendant le match il peut consulter des contenus enrichis relatifs aux matchs (statistiques, re-visionnage des actions majeures en multi-caméras, interviews), partager sa réaction en direct avec les autres spectateurs ou avec ses communautés en postant des photos ou en commentant le match sur les réseaux sociaux. L’entreprise Accenture a décidé, quant à elle, de combiner la réalité virtuelle et les statistiques à destination des fans lors du Tournoi des Six Nations. L’ambition étant de transformer la relation entre les fans en rendant accessible de nouveaux concepts et fonctionnalités utilisant cet océan de données disponibles. Elle a développé toute une solution digitale sur la base d’une application mobile, véritable « maison à statistiques du tournoi ». Elle fournit des données retravaillées et contextualisées aux fans et augmente par la même occasion l’interaction entre le fan et le tournoi. Cette année, l’application mobile a intégré une fonctionnalité de « live comment » de chaque action, des options de partage d’opinions et des statistiques de bases sur leurs réseaux sociaux comme Twitter. Sur la partie Réalité Virtuelle, Accenture réalise encore une première en démontrant comment l’outil Analytique peut être appliqué à une expérience interactive en mettant le public au cœur de l’évènement. Les téléspectateurs vivent une expérience 3D du stade tout en restant confortablement installés dans leur canapé à la maison.
Les diffuseurs de rugby investissent également dans ce sens pour rendre ce sport plus attractif en proposant de nouveaux services. C’est le cas par exemple de Canal + qui, lors de gros match du TOP 14 ou de Six Nations, a décidé d’équiper les arbitres d’un micro et d’une caméra. Le téléspectateur peut donc suivre tous les échanges entre l’arbitre et les joueurs mais également choisir de se rendre à tout moment sur la caméra de l’arbitre grâce à son téléviseur lors d’une mêlée par exemple. Autre initiative, celle de la diffusion d’images en direct au cœur du vestiaire des clubs avant le match, à la mi-temps, quand un joueur est exclu… Encore une fois le téléspectateur à l’impression d’être un privilégié en vivant une expérience unique par l’intermédiaire de ces rares images.
Enfin des start-up ont développé leurs propres solutions pour les intégrer au monde du rugby. C’est le cas de Vogo, cette startup montpelliéraine permet aux spectateurs, via une tablette ou un smartphone, vivre en direct ou en replay tous les moments du match. Cette technologie est utilisable seulement lorsque vous vous trouvez au sein d’un stade ou d’une enceinte sportive. Le principe est simple, le spectateur sélectionne sur son smartphone une caméra au choix disposée dans le stade qu’il souhaite visionner. Plusieurs clubs de rugby dont Montpellier, Lyon ou encore Toulouse utilisent déjà cette technologie depuis quelques années. Dès cette année, cette solution sera utilisée par la Ligue Nationale de Rugby et ce pour une durée de 4 ans. La startup Digifood s’est quant à elle attaqué à un autre enjeu, celui de limiter l’attente aux buvettes et augmenter les revenus des organisateurs d’évènements. Digifood a conçu une application permettant aux spectateurs de commander sans bouger de leur siège. Ensuite ils ont la possibilité de se faire directement livrer à leur place ou récupérer leur commande à la buvette en passant par une file prioritaire. Cette solution est déjà déployée dans plusieurs stades comme le Stade Jean Bouin où le Stade Français évolue.
Quand les technologies transforment les champs du possible en termes de performance
Le rugby est un sport très spécifique avec énormément de phases de jeu et de contact au risque d’engendrer de gaves blessures physiques ou physiologiques. De nombreux clubs commencent à utiliser les technologies innovantes pour prévenir des risques d’accidents et améliorer les performances individuelles et collectives. C’est le cas du club de Rugby de Clermont qui s’est associé avec la société MALOU pour développer de nouvelles solutions de visionnage. Cette nouvelle technologie repose sur l’utilisation d’un drone. Il permet au staff d’avoir des images plus qualitatives sur les différentes phases de jeu. Les données de ce drone sont à la suite exploitées pour, par exemple, corriger le positionnement ou les déplacements des joueurs sur le terrain. Une seconde technologie qui va un peu plus loin dans la recherche de la performance a été développée par la start-up MacLoyd. Elle installe directement des capteurs sur le dos des joueurs de rugby. Ces capteurs permettent, dans un premier temps, de collecter 1 000 données par seconde en temps réel grâce à plus de 150 indicateurs. De plus, ce dispositif sert également à prévenir d’éventuelles blessures en mesurant les charges de travail de chacun des joueurs. Cette technologie est déjà entrée dans les mœurs au Racing 92.
Le LOU Rugby développe lui des expériences de réalité virtuelle avec des groupements d’entreprises, VR-Connection. Cette solution aura un intérêt pour le staff puisque la technologie servira de support à la formation tactique des joueurs et la préparation des séances d’entrainement.
Une autre technologie est mise en avant pour optimiser le recrutement et dénicher les futures stars du rugby. Asi Data, entreprise britannique a mis en point un logiciel faisant intervenir l’intelligence artificielle et permettant aux clubs de rugby de détecter les jeunes talents. Ce logiciel se base aujourd’hui sur 100 critères prédéfinis avec le club utilisateur. Une technologie semblable au jeu vidéo Football Manager utilisé par les clubs professionnels de Football dans leur stratégie de recrutement. D’autres technologies sont déjà en service au rugby, c’est le cas du système « Hawk-Eye » où chaque stade est équipé de caméras indépendantes des caméras de télévision et permettant d’analyser les actions du jeu et de renforcer les décisions des arbitres. Mais ces caméras ont également un intérêt pour évaluer la gravité des blessures.
Enfin la société Natural Grass apporte leur technologie baptisée Airfibr, pelouse hybride destinée aux terrains de football et rugby de haut niveau ainsi qu'aux grands stades sportifs. Cette pelouse hybride 100% naturel enracinée dans un substrat artificiel permet de réconcilier résistance et souplesse, deux caractéristiques jusqu’alors antagonistes. Le Centre National de Rugby de la FFR (Marcoussis) et le centre d’entrainement du Racing 92 sont déjà équipés de cette technologie.
Cet article a été initialement publié par notre partenaire, Le Tremplin, première plateforme d’innovation pour le sport au cœur de la région parisienne.
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