Bonjour Thierry, pourriez-vous commencer par vous présenter ainsi que votre parcours ?
Je suis issu du monde des médias et de l’édition. J’ai exercé pendant vingt ans le métier de journaliste, sur plusieurs supports et à différents degrés de responsabilité, principalement au sein du groupe Lagardère et notamment à la direction d’un magazine de football international: Onze Mondial. Ce métier m’a permis de concilier quelques-unes de mes passions : le journalisme, les voyages et bien évidemment le football. Ce fut une période très enrichissante tant sur la plan professionnel que personnel. C’était une époque où Internet n’existait pas ou en tous cas était moins présent qu’aujourd’hui, et les informations étaient donc moins immédiatement accessibles. Le mot reportage avait une autre dimension. J’ai ensuite voulu vivre de l’intérieur ma grande passion, le football, être acteur de cet univers. Il y a une dizaine d’années, j’ai eu une proposition de l’AS Monaco, pour le poste de Directeur de la communication et du marketing. J’ai accepté et j’ai donc changé de métier, de ville, de vie. Je suis resté quatre saisons à Monaco, avant de prendre le chemin du FC Lorient, où j’occupe le poste de Directeur de la communication depuis bientôt quatre ans
Comment décririez-vous votre métier et quelles difficultés rencontrez-vous ?
La première difficulté du métier de Directeur de la Communication dans un club de football professionnel, c’est souvent l’incompréhension des principaux acteurs de cet univers. Le grand public, mais aussi les médias et, parfois, certains dirigeants de clubs eux-mêmes, ne saisissent pas toujours le sens, l’intérêt et l’importance de cette fonction, que certains associent souvent à de la propagande, de la manipulation ou de la censure, quand d’autres la limitent aux relations presse, à de la simple représentation ou n’y voient qu’un centre de coûts. Ce n’est naturellement pas le cas au FC Lorient, heureusement ! Ici, le poste de Directeur de la Communication est très stratégique, je suis d’ailleurs membre du comité de direction et à ce titre je participe activement au développement global du club et tout particulièrement de la marque FC Lorient. Au FCL, le service communication est un service au service de tous les services. Il interagit dans de nombreux domaines : de la gestion de l’image et de son développement aux relations avec la presse en passant par les relations institutionnelles, la communication interne, la plateforme médias club, le marketing, le merchandising, le service commercial, la billetterie... Il doit être proactif, actif et réactif. C’est donc un rôle primordial, comme dans toute entreprise de premier plan et c’est surtout un métier où l’on ne connait pas la routine. Le football est une industrie unique, soumise à un aléa sportif et des enjeux colossaux. Un monde très médiatisé, hyper exposé, exacerbé, dans lequel le moindre résultat, le moindre mot, le moindre geste, la moindre décision sont observés, disséqués, relayés par des millions de personnes. Une défaite le samedi peut influencer tout le travail de la semaine. De même, une série de mauvais résultats peut impacter la stratégie globale de l’entreprise. La notion de « long terme » reste très aléatoire, l’équilibre est souvent précaire et il faut s’adapter à de multiples situations.
Quelle est l’importance du digital aujourd’hui dans votre métier ?
Ayant la cinquantaine passée, je ne suis pas un « digital native » mais je m’y suis intéressé très vite. A l’époque où je travaillais chez Lagardère, certains des magazines que j’ai dirigés ont même été parmi les premiers en France à se doter d’un site web. C’est quelque chose qui m’a immédiatement passionné et dont on ne peut faire abstraction aujourd’hui. Le digital, c’est fascinant et incontournable, un formidable vecteur de communication, sur lequel nous misons d’ailleurs beaucoup au FC Lorient, où nous avons élaboré et mis en place une véritable stratégie concernant les réseaux sociaux. Il faut rester très vigilant, car mal maîtrisés, ceux-ci peuvent aussi causer de gros dégâts, à l’individu comme à l’entreprise. Un Directeur de la communication doit rester en phase avec le monde qui l’entoure, savoir s’adapter à son époque et à ses différentes évolutions. Il doit aussi savoir produire les bons messages au bon moment et bien cibler ses destinataires. A ce titre, au FC Lorient, nous avons constitué une véritable « newsroom », capable de produire du contenu multimédia de qualité et le club est en train d’implémenter un outil de CRM performant pour répondre parfaitement aux attentes de sa communauté de sympathisants. Le football français est trop dépendant des droits TV et il s’agit aujourd’hui pour les clubs de diversifier leurs ressources et développer les autres revenus que constituent le sponsoring, la billetterie, le merchandising… Le service communication joue un rôle très important dans ce développement global, en amont comme en aval.
Quel avenir voyez-vous pour votre métier ?
Si les mentalités n’évoluent pas, ça ne va pas être facile ! Comme je l’ai souligné, il y a un manque de compréhension de cette fonction au sein de l’univers du football professionnel, un microcosme qui a malheureusement plutôt tendance à se replier sur lui-même qu’à s’ouvrir, à stagner plutôt qu’à se développer. La fonction communication manque de reconnaissance et donc, généralement, de moyens. Il y a souvent un décalage important entre les grandes ambitions affichées et les petits moyens mis en œuvre pour la justifier. La France a beaucoup de retard dans ce domaine par rapport, notamment, à ses voisins anglo-saxons. Le football professionnel est un monde où il y a trop de mouvements au niveau des décideurs, beaucoup d’ego et une réelle culture du secret. Il est très difficile d’y faire bouger les lignes. Une Direction de la communication capable de piloter une véritable stratégie d’entreprise est pourtant à mon sens aujourd’hui indispensable pour les clubs de football. L’Euro 2016, censé créer en France un véritable élan dans de nombreux domaines, changera peut-être également la donne à ce sujet, espérons-le.
Quels conseils donneriez-vous aux candidats au poste de Directeur de la Communication dans un club de football ?
Le football professionnel est un univers qui fait rêver, voire fantasmer. Y travailler est très excitant, passionnant, et procure des émotions uniques. Mais ce n’est pas toujours facile et la sécurité de l’emploi est loin d’y être garantie ! Il faut être en premier lieu passionné, humble et motivé, bien sûr, mais aussi avoir une très bonne connaissance et maîtrise de ce milieu particulier, qui répond à des codes spécifiques, faire preuve de maturité et de capacité managériales certaines, posséder une grande résistance au stress et savoir travailler sous pression. Il faut aussi posséder une dimension stratégique et politique importante, un sens développé de la confidentialité, des capacités d’écoute, d’analyse, d’adaptation, une culture d’entreprise, le goût de la performance. Il est également nécessaire d’avoir des qualités rédactionnelles et relationnelles et de pouvoir s’appuyer sur un solide réseau. Et, évidemment, ne pas compter ses heures !
Quelles sont les principales réussites du FC Lorient en termes de communication ?
Au FC Lorient, l’institution prime sur l’individu et la réussite est toujours une œuvre collective, un véritable travail d’équipe, sur le terrain ou en dehors. Comme le résume la devise du club, « le football autrement », nous avons une approche différente et éminemment positive, basée sur des valeurs simples et saines, la convivialité, le plaisir, l’ouverture, l’humilité, la citoyenneté, ce qui nous rend sympathique aux yeux du grand public. Comme le démontrent plusieurs études officielles publiées récemment, la bonne image du FC Lorient a largement dépassé les frontières de la Bretagne et, en termes de notoriété, le club a grimpé de la 17e à la 10e place ces cinq dernières années. Nous voulons capitaliser sur cette sympathie et cette reconnaissance et, à terme, pourquoi pas, faire du FC Lorient le « deuxième club préféré » des Français…
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